Un long parcours académique, c’est autant d’années durant lesquelles on ne travaille pas et, durant ce temps, on ne cotise pas pour sa pension. Le début de carrière est donc repoussé, préjudiciant le droit à la pension à terme. Pourtant, très peu de Belges semblent se soucier de cet état de fait mais, pour ceux que cela intéresse, il semble exister depuis cette année une solution : le rachat des années d’étude.
Quelle est l’idée ? Et les conditions !
Racheter ses années d’étude consiste simplement à verser des “cotisations volontaires” de 1500€ par année d’étude réussie (les redoublements sont exclus), une aubaine pour le budget de l’Etat, mais seulement pour la période académique à partir de vos 20 ans, pour un seul diplôme du supérieur. Ainsi, si vous avez débuté vos études supérieures ou universitaires à 18 ans, et terminé chaque année avec succès, pour finir diplômé à 23 ans, seules 3 années sont éligibles au rachat. Retenons d’ores et déjà que ce montant n’est valable que pour une période transitoire, de mars 2017 à mars 2020, ensuite, le coût de l’opération devrait significativement augmenter.
L’intérêt de l’opération ?
En contrepartie de ce sacrifice, votre pension légale sera augmentée d’un montant annuel brut de 250€ à 310€, pour chaque année d’étude rachetée ( Soit entre 170€ et 210€ net poche en fonction de votre Etat Civil, puisque les impôts se serviront encore au passage !). En outre, le montant régularisé sera déductible fiscalement l’année du paiement soit une économie fiscale maximum de 750€ par année d’étude rachetée. Par contre, cette opération ne permet pas d’augmenter à due concurrence la durée de votre carrière et n’aura donc pas pour effet de favoriser une retraite anticipée.
Ma position
Il est difficile aujourd’hui d’attribuer un quelconque crédit, ni même un soupçon de confiance, dans les dispositifs créés par l’Etat tant celui-ci est devenu coutumier du volte-face. La plaie béante causée par les certificats verts n’est pas encore cicatrisée, la douleur en est encore vive pour nombre de nos concitoyens.
Pourtant, il faut une sacré dose de confiance, tant en l’Etat, qu’en sa propre santé, ou sa destinée, pour oser s’aventurer dans pareille aventure. En effet, avant l’âge de votre pension, chaque année d’étude rachetée vous aura coûté +/- 750€, après défiscalisation. L’Etat aura encore tout loisir de rebattre les cartes dans l’intervalle avant votre retrait de la vie professionnelle et, plus votre horizon est lointain, plus le risque est accru d’un revers législatif.
En outre, imaginez que vous décédiez avant l’âge de votre pension, l’Etat vous en remerciera à titre posthume mais l’opération n’aura eu pour autre effet que de délester votre masse successorale (humour noir) !
Enfin, si par chance vous atteignez l’âge de profiter de votre pension (que nos dirigeants ont la fâcheuse tendance de repousser), reste que l’avantage annuel, après impôts, ne sera au mieux que de 210€. L’opération ne sera donc rentable, au mieux, qu’après 3 ans et demi (Dans certains cas, cela pourra même prendre jusqu’à 7 ans).
D’après moi, l’aventure est envisageable pour les personnes en toute fin de carrière, ayant une idée précise de ce qu’elles toucheront à la pension et qui auront, ainsi, la faculté de vérifier avec plus ou moins de certitude l’utilité d’un rachat des années d’études. Si l’horizon est plus lointain, l’opération pourrait vite virer à un jeu de la roulette russe !
Une bonne nouvelle pour terminer, l’Etat a lancé la période des “soldes”, si vous souscrivez au principe durant les années 2017 et 2018, il ne vous en coûtera que 1350€ par année rachetée (-10%). Saluons sa générosité 🙂